31 janvier 1857

Guernesey, 31 janvier 1857, samedi soir, 4 h. ½

Eh bien, qu’en dit MONsieur Charles [1] ? Vous me direz cela ce soir, mon cher petit homme, et vous me direz aussi si je peux me risquer à demander un petit dessin autographe de ce même MON SCIEUR Charles pour compléter l’illustration de mon splendide album, au nom du père, du fils et du saint Esprit sous la forme de la colombe Allix [2]. Du reste je me lècherai les barbes jusqu’à la cheville, même sans l’appoint du talent de cet excellent M. Charles. Quand je t’ai je ne désire vraiment plus rien sous quelque forme que tu te donnes à moi. Aussi ce que je demande indirectement à ce charmant peintre n’est que pure [graillefferie ?] et gourmandise de chefs-d’œuvre de famille. En attendant tu serais bien gentil d’en faire les honneurs à MISS AILLEX [3] de ce monumental album en l’engageant à venir le voir chez moi car je crains de le faire trop voyager et d’un autre côté il est juste de lui faire les honneurs de son travail de fée en collaboration d’un génie. Fichtre comme c’est tourné ce compliment collectif. Ah ! vous voilà : je suis dispensée^a de continuer dans le même style, cela me tire d’un grand embarras.

7 h.

Je vous aime^b, je vous admire, je vous adore tout naturellement, mon cher petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 25
Transcription de Chantal Brière

a) « « dispensé ».
b) Le verbe est noté deux fois.