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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 septembre 1861, jeudi matin, 8 h.

Bonjour, mon doux adoré. Toujours avec toutes les tendresses de mon âme et avec toutes les promesses d’une belle journée. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu vas de charme ce matin, comme on dit en bon guernesiais. Quant à moi, j’ai très bien dormi malgré la contrariété de ma maladresse qui m’a empêchéea de me servir de mon vésicatoire [1] après l’avoir essayé tour à tour à mes deux oreilles et m’en être pouacré les cheveux et l’avoir déformé au point de le rendre impossible. Il faudra que j’en fasse faire un autre aujourd’hui et que je m’y prenne autrement. L’expérience assez maussade que j’ai faite me servira bien une fois et j’espère faire un chef-d’œuvre d’apozème [2]. En attendant je me goberge dans un doux farniente, au moins quant aux oreilles et je vous aime à l’œil malgré ma cocotte, ce qui ne m’empêche pas de dire : la charité pauvre aveugle s’il vous plaît mais vous n’y êtes pas sensible, ce qui fait que Mmes Charassin et Berru courent risque de n’avoir jamais ni vent ni nouvelles de nous. Mais je m’en fiche, pourvu que vous m’aimiez jusqu’à la fin de mes jours ici-bas et toute l’éternité là-haut.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 94
Transcription de Florence Naugrette

a) « empêché ».

Notes

[1Juliette utilise des vésicatoires pour soigner ses yeux.

[2Apozème : décoction purgative.

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