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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 juin 1838

15 juin [1838], vendredi matin 10 h. ½

De quelque manière que je m’y prenne mon adoré, vous ne venez pas. Je ne vous gronde pas, je ne vous en veux pas, mais je suis triste.
Il paraît que ce n’est pas Jourdain qui a apporté la frange mais son ouvrière. En même temps, il a fait demandera si je ne pourrais pas lui donnerb un billet pour un de ses cousins qui part lundi. Comme Suzette n’est pas très au fait, elle ne m’a rien dit de plus mais comme Jourdain doit venir aujourd’hui il me donnera des explications. Je continue, mon amour, à vous aimer et à me consumer bêtement en désir et en impatience de vous voir. Il viendra cependant un jour où j’en prendrai mon parti. Il ne serait pas juste que je m’affligeasse éternellement d’une absence dont vous ne vous souciez pas. Voilà qu’il pleut, le temps se met à l’unisson avec mon humeur. Il n’aurait tenu qu’à vous, mon adoré, que je fusse la plus aimable des femmes ce matin et surtout la plus heureuse. Je ne vous en veux pas, je vous le répète, mais je suis triste. Jour mon petit o, jour, je vous aime. Vous êtes bien méchant de n’être pas venu ce matin. Vous trouverez le temps d’aller chez Salvandy et vous ne trouvez pas celui de m’aimer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 268-269
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « demandé ».
b) « donné ».


15 juin [1838], vendredi soir, 9 h. ¾

Mon pauvre-bien aimé, j’ai eu une crise du bas-ventre et des reins à ne pouvoir plus respirer. Si j’avais été chez moi, j’aurais pris un bain. Il y avait bien longtemps que je n’avais eu d’aussi fortes douleurs. Je ne crois pas, mon pauvre adoré, que je puisse m’en aller à pied ce soir, à moins cependant que tes chers beaux yeux ne soient trop malades. À propos, mon amour, il paraît que vos chaussettes sont très belles et très bonnes. Plus tard nous saurons si elles sont bon marché. En attendant, j’ai très bien réussi et vos jolis petits pieds seront très bien vêtus. J’ai tort de vous faire si beau que ça. Vous me trahissez bien déjà QUE TROP. Mon bijou d’homme je vous aime, mon Toto je vous désire, mon amour je vous attends. En attendant que vous me mettiez en cage, je vous prie de me mettre en broche, je vous assure que je suis très grasse et très TENDRE. Regardez-y, regardez-y, vous verrez ! Soir pa, soir To. J’ai bien du mal mais je ris, je m’impatiente mais je rage, je t’aime mais je t’adore. Voilà la différence, et puis vous êtes mon pauvre petit homme chéri, vous êtes mon grand Toto bien-aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 270-271
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

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