Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1836 > Mai > 28

28 mai 1836

28 mai [1836], samedi matin, 10 h.

Bonjour mon petit homme chéri. Comment va ton petit ventre ce matin ? Je ne sais pas si c’est le froid ou une mauvaise disposition chez moi mais j’ai très mal à la tête et à la gorge, et même un peu aux entrailles, en somme je suis un peu malingre ce matin.
J’ai passé la soirée, la nuit à t’aimer. Quoique tu n’aies rien à redouter de l’absence, je te prie à deux genoux de laisser s’écouler le moins de temps possible entre ma vie et toi, car tout le temps où tu n’es pas auprès de moi, il me semble que je suis enfermée dans une machine pneumatique qu’on appelle l’attente et qui m’empêche de vivre et de respirer.
Je t’aime, mon petit Toto. Je t’aime de toute mon âme. Je voudrais être à la veille de notre petit voyage, je donnerais tous les jours et tous les moments où je ne suis pas avec toi pour vivre avec toi tout d’une haleine les moments que tu me donnes jour à jour. Ça me serait mille millions de fois égal de mourir après. Pourquoi ne peut-on pas faire de ces marchés ? Il y aurait longtemps déjà que j’aurais fait le mien.
J’ai un bon petit souper qui vous attend, qui consiste en filets de sole froids, en asperges chaudes, et en petits pois tendres. J’espère que vous viendrez le manger. Sinon, c’est toi qui serasa mangé de caresses. Je te préviens que j’ai les dents très longues.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16327, f. 98-99
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « sera ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne