12 mars 1873

13 mars 1873

Guernesey, 12 mars [18]73, mercredi matin, 8 h. ¾

Bonnes nouvelles de ta nuit, mon cher adoré, et bonnes nouvelles de la mienne aussi, cela fait que nous n’avons rien à nous reprocher l’un l’autre et que nous pouvons nous aimer sans crainte et sans remords comme deux bons petits inséparables que nous sommes : [dessin^a] !!!
J’ai fait dire de ta part à la Broisine que tu prenais à ta charge la perte de l’argent que tu lui avais confié pour la dépense de ta maison à la condition qu’elle fermera portes et fenêtres dorénavant et qu’elle ne laissera plus sa caisse dans la cuisine pour servir de prime aux voleurs. La pauvre bonne femme est bien reconnaissante de ta bonté et de ta générosité pour elle et promet qu’elle ne s’exposera plus à pareille aventure : je le crois. La perte de ses châles et de ses bijoux lui tient tant au cœur qu’il n’y a pas de danger qu’elle oublie de longtemps de barrer et de verrouiller partoute la maison.
En échange de ce petit dommage matériel, Dieu t’a envoyé une bonne nouvelle de ton fils, d’autant plus certaine qu’elle te vient de cet excellent Émile Allix qui s’y connaît et qui est dévoué à toute la famille comme à toi. Cette amélioration dans la santé de ton cher petit Victor [1] ne peut aller qu’en augmentant très vite surtout si le temps se met au beau comme il faut l’espérer. Quel bonheur le jour où tout ce cher monde là rentrera dans tes murs ! Je voudrais déjà y être pour prendre ma part (la plus grande) de votre joie générale. En attendant il faut que tu prennes courage et patience et je t’y aiderai à force de tendresse et d’amour et de longues, longues, longues promenades côte à côte avec toi. Aujourd’hui même pour peu que le soleil veuille bien se mettre de la partie tantôt. [Dessin^b] Êtes-vous content, Macié ?

BnF, Mss, NAF 16394, f. 68
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) Dessin de deux oiseaux sur une branche :