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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 juin 1857

Guernesey, 20 juin 1857, samedi soir, 6 h. ¼

Ne te reproche pas mes larmes aujourd’hui, mon pauvre bien aimé, car depuis ce matin elles pèsent sur mon cœur jusqu’à l’étouffer. Voilà onze [1] ans que mes pleurs tombent sur cette date douloureuse de ma vie sans pouvoir l’effacer. Ce n’est donc pas ta faute si je suis triste aujourd’hui, mon ineffable bien-aimé, car mon malheur ne vient que de Dieu seul et la suprême consolation me vient de toi. J’ai la tête si malade que je t’écris comme dans un rêve. Mais à travers les pénibles divagations de ma pensée peut-être te sera-t-il possible d’entrevoir mon âme qui te bénit. Ô sois béni, mon Victor, dans ta famille et dans ta gloire, que mon amour et que ma reconnaissance soient les deux ailes de ton bonheur dans ce monde et dans l’autre. Tout à l’heure, j’aurai, je l’espère, repris mon courage et ma résignation et je pourrai te sourire et peut-être t’accompagner sur la montagne. En attendant, je te donne ici ce que j’ai de meilleur, de plus tendre, et de plus doux en moi. Je t’aime.

Juliette

21 juin, dimanche matin, 7 h.

Je t’aime, mon Victor, je t’aime. Je ne saurais pas te dire autre chose ce matin car toute mon âme s’est réfugiée dans ce mot là : je t’aime, comme dans un lieu d’asile contre la douleur. Je t’aime.

J.

BnF, Mss, NAF 16378, f. 111
Transcription de Frédéric Gillmann assisté de Florence Naugrette

Notes

[1La fille de Juliette Drouet, Claire Pradier, est morte le 21 juin 1846 des suites de la tuberculose.

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