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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 7 septembre 1854, jeudi, midi ¼

Tu paraissais bien fatigué tout à l’heure, mon cher petit bien-aimé, cela tient peut-être aux veilles un peu trop prolongées que tu as euesa depuis quelque temps. Aussi, mon bon petit bien-aimé, je t’engage à les suspendre un peu ou du moins à les abréger beaucoup pour ne pas compromettre ta santé sérieusement. De mon côté, mon pauvre trop aimé, je te promets d’être bien bonne autant que peut l’être une méchante gale comme moi.
À propos de méchante j’ai vu l’inexprimablement bon Asplet [1] presque aussitôt que tu as été parti. Il a payé lui-même le loyer pour servir au besoin de témoin du congé que j’ai signifié pour le 7 octobre [2]. En même temps il a demandé des draps blancs qu’on ne m’a pas encore apportés, probablement pour qu’il ne pûtb pas être édifié sur leur équivoque blancheur. Du reste il a trouvé des gens doucereux et composés mais laissant percer néanmoins le projet de me faire un mémoire d’apothi…je me trompe un mémoire d’aubergiste jersiais sous prétexte d’usure, le mot est significatif et ne demande pas une profonde connaissance de la langue locale pour en comprendre toute la beauté et toute la profondeur. Mais notre bonne Providence Asplet se plait fort de sauver mes faibles shellings des pattes de ces coupeurs de bourses puritains. Nous verrons jusqu’à quel point il y réussira ; ce sera une belle passe d’armes à voir. D’un côté la loyauté et la probité s’escrimant contre la mauvaise foi et la rapacité à armes normandes. Je ne demande qu’à ne pas payer les frais de la guerre si cela est possible, ce dont je doute malgré la protection courageuse de notre brave et excellent ami. Enfin à la grâce de Dieu. Pourvu que tu m’aimes et que je ne te devienne pas trop insupportable, je suis heureuse et je ne désire rien de plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 287-288
Transcription de Chantal Brière

a) « eu ».
b) « put ».

Notes

[1Les frères Charles Asplet et Philippe Asplet sont amis de Hugo.

[2Juliette, qui habite à l’Inn Richland au Hâvre-des-Pas, déménagera quelques semaines plus tard pour Plaisance-Terrace, près de l’église Saint-Luc, puis en décembre à la « Maison du Heaume », au Hâvre-des-Pas.

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