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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 août [1846], dimanche matin, 7 h. ½

Bonjour mon pauvre doux bien-aimé, bonjour, comment va ton fils [1], comment vas-tu toi-même ce matin ? Si la prière peut quelque chose auprès de Dieu pour ceux qu’on aime, vous avez dû passer une bonne nuit, mes pauvres chers bien-aimés, car j’ai bien prié du fond [de] mon cœur pour vous tous. Je vois avec une tristesse inexprimable tout le temps qu’il me faut attendre encore avant de savoir ce qui m’intéresse le plus au monde, des nouvelles de ton cher enfant et des tiennes, mon adoré. Est-ce que tu ne pourras pas m’enseigner un moyen d’avoir des nouvelles de Charlot tous les matins ? Il me semble que ce serait possible. J’y emploierais pour cela Joséphine dont la discrétion est à toute épreuve. De cette manière je ne passerai pas la moitié de la journée dans des inquiétudes insupportables. Je te demanderai cela tantôt, persuadée que, si tu vois un moyen de le faire sans blesser personne, tu me le diras. D’ici-là, mon adoré, je souffre, j’attends, je prie, j’espère, je te désire et je t’aime. Je baise pieusement toute ton adorable petite personne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 83-84
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette


30 août [1846], dimanche après-midi, 3 h.

Mon bien-aimé, mon bien-aimé, je t’attends avec une impatience qui ne peut pas s’exprimer. Au désir toujours si ardent de te voir se joint l’inquiétude sur l’état de ton cher enfant, ce qui me rend ton absence mille fois plus pénible encore. Il faut absolument que tu me permettes d’en envoyer savoir des nouvelles tous les jours parce que je me tourmente trop. N’est-ce pas que cela se pourra et que tu le voudras ? En attendant, j’ignore ce qui se passe et je me mets l’esprit à la torture pour deviner et surtout pour espérer une amélioration dans la santé de ton cher Charlot. Cher adoré, j’ai lu avec le plus vif intérêt la notice incomplètea de ton vaillant et glorieux père [2]. Je te demanderai de m’en donner la fin quand tu l’auras. Rien ne peut m’intéresser davantage que tous les souvenirs qui se rattachent à ton père. Cela te touche de si près que c’est presque pour moi m’occuper de toi-même, et il n’y a pas d’occupation qui puisse me plaire davantage. Mon Dieu, que je voudrais te voir et savoir ce qui se passe chez toi. Tout ce que je fais pour me distraire de cette idée fixe ne fait que l’accroître. Plus je voudrais trouver des raisons de me tranquilliser, et moins j’en trouve. Combien de temps me faudra-t-il rester dans cette inquiétude ? Je l’ignore mais ce que je sais c’est que je t’aime plus que plein mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 85-86
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

a) « incomplette ».

Notes

[1Charles Hugo est atteint de typhoïde.

[2À élucider.

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