Paris, 24 juin [18]77, dimanche matin, 10 h.
J’espère, mon grand bien-aimé adoré, que tu as passé une bonne nuit en dépit des soucis très graves qui préoccupent ton grand génie en ce moment. J’espère encore, malgré l’avenir menaçant que tu entrevois, [que] nous échapperons à la catastrophe préméditée par les hommes monstrueux de la monarchie en général et des infâmes bonapartistes en particulier. C’est pourquoi, mon cher bien-aimé, je te supplie de ménager ta santé car tu en auras trop prochainement besoin pour combattre corps à corps toutes les tentatives scélérates qui vont se déclarer jour à jour sous toutes les formes et sous tous les prétextes. Et puisque le travail divin que tu fais est conservateur de ta santé, uses-en mais sans en abuser. Je te souris, je t’aime, je t’admire, je te bénis, je t’adore. Je vois Dieu à travers toi, je l’entends dans ta voix et je le comprends par tes actions sublimes.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 169
Transcription de Guy Rosa