19 juin 1877

20 juin 1877

Paris, 19 juin [18]77, mardi soir, 7 h.

Je suis curieuse de voir par où on attaquera ton admirable discours [1] demain, mon cher grand bien-aimé, tant il est splendidement beau, sublimement grand et divinement honnête et bon. Le bon Dieu ne parlerait pas mieux [2]. Il est vrai que les plus méchants diables ne sauraient être aussi adroitement cyniques et stupidement scélérats que les affreux bonshommes que tu appelles tes collègues à Versailles. Aussi ne suis-je pas sans inquiétude sur la séance de demain pendant que tu parleras [3]. Pourvu encore qu’on te laisse parler. Je voudrais déjà en être revenue de cette séance. En attendant, le bruit court que la vente du Rappel est interdite sur la voie publique [4] depuis tantôt. Mais j’espère que ce n’est qu’un bruit sans fondement que Vacquerie démentira tout à l’heure. Tâche de ne pas rentrer trop tard. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 164
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1] Il s’agit de l’intervention en bureau, et non en séance, du 18 juin, rapportée par Le Rappel du 20 et publiée dans Actes et Paroles (IV, 1877 – 2, éd. citée, p. 964). Hugo y interpellait le ministre du commerce, le vicomte de Meaux, pour lui demander quelle serait la conduite du gouvernement si le renouvellement de la Chambre dissoute y augmentait le nombre des élus républicains. Le ministre répondit que cela relevait de la décision du Président de la République. Hugo fit observer que la même réponse avait été donnée par le ministre Baroche à une question analogue qu’il avait posée après la crise de juillet 1851.

[2] Aussi ne s’y est-il pas essayé.

[3] C’est le surlendemain, 21 juin, que Hugo intervient en séance publique (ibid. p. 966).

[4] Rumeur fausse, à notre connaissance.