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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 octobre [1846], lundi après-midi, 1 h. ¼

Je t’écris en t’attendant, mon doux petit bien-aimé. J’ai voulu être prête à l’heure dite afin que tu n’aies pas eu à m’attendre dans le cas où tu serais venu à l’heure que tu m’avais indiquée. Maintenant que je suis sous les armes et à mon poste, je me donne la joie de vous griffouiller des tendresses à plume reposée en vous attendant.
Je n’ai pas fait mettre la lettre pour Brest à la poste parce que tu ne m’avais rien dit. Tout à l’heure si tu veux que Suzanne la porte à la grande poste ce sera facile.
Mon petit Toto, mon amour, mon bonheur, je te remercie de la nouvelle peine que tu prends aujourd’hui à cause de moi. Je t’en suis bien reconnaissante va, car je sais quel dérangement c’est pour toi quand tu travailles comme tu le fais à présent. Aussi, je te le répète, j’en suis reconnaissante jusqu’au plus profond de mon cœur. Seulement vous êtes déjà en retard d’une demi-heure, cela promet pour le reste. Il est probable que vous aurez eu la précaution de ne pas assigner d’heure à ce pauvre jeune homme et vous aurez bien fait. Quant à moi, qui fais métier de vous attendre depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre, je trouve tout simple de continuer mon état aujourd’hui. Juju attend et va ten ville. Désormais j’écrirai cette enseigne en lettresa d’or sur ma porte, l’autre enseigne, à la renommée de la bonne salade, n’existant plus que dans la mémoire de mes anciennes clientes. Avec tout cela vous ne vous dépêchez pas beaucoup de venir. Quels sont donc les chiens que vous avez encore à fouetter, vieux Toto, que vous ne venez pas plus vite que ça ? Si j’étais derrière le vôtre, je vous fouetterais pour vous faire avancer, quand je devrais taper dessus de toutes mes forces. Taisez-vous et baisez-moi, cela vaudra mieux.

Juliette

MVH, α 7805
Transcription de Nicole Savy

a) « lettre ».

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