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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 octobre [1846], mardi matin, 9 h.

Bonjour mon cher petit Bonneuil, dit Chevreuil, né à Verneuil, père de Luxeuil, qui n’a qu’un œil, d’écureuil, qui est en deuil, sur le seuil de son autre œil au cercueil. Monsieur Germeuil, dit Nanteuil, né à Mareuil, près d’Argenteuil, fait accueil, dans son orgueil, à tous ces œils, de son aïeul, comme un bouvreuil sur un écueil plein de cerfeuil.
Si vous croyez qu’on [ne puisse faire] sa petite improvisation comme un autre, et comme deux autres, vous êtes dans une piteuse erreur. En voulez-vous encore ? en voilà. Défunt saint Preuil près de Montreuil dans son fauteuil voyait un treuil.. etc… La suite au numéro prochain. Je ne veux pas vous écraser de ma supériorité en une seule fois, j’ai pitié de vous, mon pauvre académicien. Est-ce que je n’ai pas de séance aujourd’hui ? Cela me vexerait fort. Comme je n’ai presque que cette occasion de vous voir je suis bien attrapéea quand elle me manque. Vous pensez que le mauvais temps ne me fait pas peur et que je redoute cent millions de fois moins avec vous, la pluie le vent et tout le déchaînement des éléments, que la solitude et l’abandon dans lequel vous m’abritez. Si bien [vainement ?] aussi je guette, mieux que ne ferait [illis.] de souris, toutes les séances de n’importe quoi auxquelles j’ai des droits incontestables, quoique très contestés. Baisez-moi mon cher petit Chinois et tâchez de ne pas me laisser toute la journée toute seule à vous attendre. Je vous en serai bien reconnaissante.

Juliette

MVH, α 7801
Transcription de Nicole Savy

a) « attrappée ».


20 octobre [1846], mardi après-midi, 4 h.

Je suis triste, mon Toto, malgré que j’en aie car je ne te voisa pas et il me semble que tu n’y mets pas beaucoup de bonne volonté, à venir me voir. Je voudrais ne jamais te parler de cela. A quoi bon ? Mais j’y reviens toujours sans m’en apercevoir tant ton absence est mon unique préoccupationb et mon seul souci. Cependant je ne veux pas t’ennuyer à quelque prix que ce soit et je fais des efforts énormes pour te parler d’autre chose, ce qui fait que tous mes gribouillis sont remplis d’un tas de choses incohérentes et insignifiantes au dernier point. J’en excepte la pluie et le beau temps. Hé bien que dit-on chez toi du [fameux ?] bon marché ? Pourvu que vous n’alliez pas me nier ce précieux dépôt ? J’ai fait une fameuse imprudence tout de même en vous laissant emporter ces valeurs sans en avoir des reçus. Une autre fois je ne serai pas si confiante. C’est déjà trop pour cette fois ci.
Déjà parti, mon bien-aimé, et dieu sait à quelle [heure] je te reverrai ce soir. Enfin je t’ai vu c’est déjà beaucoup mais ce n’est pas assez. Je voudrais être à ce soir au moment où tu viendras. D’ici là, je vais bien penser à toi et bien t’aimer de toutes mes forces.

Juliette

MVH, α 7802
Transcription de Nicole Savy

a) voie.
b) préocupation.

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