15 juin 1880

17 juin 1880

Paris 15 juin [1880], mardi matin, 8 h.

Je t’ai laissé dormant à poing fermé, mon cher petit bonhomme, et j’ai respecté ton sommeil en effleurant seulement ta main avec mes lèvres. Comment a été ta nuit ? Je ne m’en rends pas compte du tout en ayant dormi comme une bûche jusqu’à ce matin. J’espère que tu en auras fait autant de ton côté. Peu de lettres ce matin et un ordre du jour du Sénat : pour aujourd’hui séance publique à trois heures, pas de bureaux. Si j’en juge d’après le sommaire tout se passera en vote de crédits pour la province, à part la promenade que cela nous fait faire je ne vois pas qu’il y ait nécessité pour toi d’aller à cette séance. Quant à ce soir, je ne sais pas si Vacquerie sera des nôtres maintenant qu’il a regagné sa famille [1]. Peut-être aurais-tu bien fait de lui écrire à ce sujet. De toute façon nous aurons notre cher Paul Meurice mais c’est surtout en amis que le proverbe : « ce qui abonde ne vicie pas ». Et voilà pourquoi j’aurais désiré que nous fussions ce soir au grand complet de ce côté là. En attendant je multiplie mes tendresses autour de toi pour te masquer toutes les absences de ceux que tu aimes. Avec prière de me donner un peu d’argent, pour rembourser ce que je dois à la cuisinière et à la blanchisseuse.
22 dimanche reçu 20 F.
24 mardi reçu — 05 F.
Dépense ----------
Deux éponges ------ 5 F.50
Deux paquets de bougie 3 F.90
Timbres ------------ 4 F. 95
Pour le paletot de M 2. F.
Sucre -------------- 4 F.
Beurre pour les deux tartes 4 F.
Farine pour deux tarte - 1 F. 50
Abricots ------------ 2 F.
Prunes -------------- 2 F.
Billets de la loterie ---- 5 F.
Eau de mélisse ---- 1 F. 10
Donné pour ma broche 5 F.
Savon -------------- 1 F.
38 F. 40
Sur lesquels j’ai reçu 25 F.
Reste dû -------- 13 F. 40
Sans compter le blanchissage qui doit venir aujourd’hui