30 octobre [1849], mardi après-midi, 1 h.
Je ne vois pas plus de D. [1] que dessus ma main. Cet empressement n’est rien moins qu’obligeant à moins cependant qu’il ne soit malade, dans ce cas-là, il aurait pu et dû me le faire savoir. En attendant, je suis toute prête et si tu viens à deux heures j’aurai le bonheur de te conduire à ta boutique. Il ne sera pas dit que je perdrai bêtement et sans aucune utilité pour personne la pauvre petite occasion que j’aia d’être avec toi en courant. Avec cela qu’il fait un temps ravissant et digne de l’amour, c’est grand dommage que le mien, d’amour, ne puisse pas servir pour deux. Je nous aurais confectionné une petite culottes de bonheur et de gibelotteb à vous en faire venir l’eau à la bouche. Malheureusement je ne peux rien, ce dont j’enrage. Taisez-vous et profitez si vous pouvez des bons conseils que je vous donne indirectement. Vous ne serez jamais heureux plus jeune, quoi[que] vous le soyez toujours trop JEUNE. À votre place je mettrais le temps mieux à profit et je me dépêcherais d’être heureux par tous les bouts. Que dites-vous du D. ? Voilà bientôt 1 h. ½ et il n’est pas venu. Je voudrais ne pas penser de mal, cependant je trouve ce laisser-aller un peu familier à cause de toi. Attendons, peut-être que tout s’expliquera en sa faveur. Je ne demande pas mieux. Baise-moi toi et tâche de venir un peu plus vite que ça si tu ne veux pas que je mette mon bonnet de Juju de travers.
BnF, Mss, NAF 16367, f. 291-292
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse
a) « j’aie ».
b) « giblotte ».