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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 octobre [1849], jeudi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon petit homme aimé, bonjour, mon Toto doux, indulgent, généreux, adorable, bonjour. Tu n’as pu revenir hier au soir mais je t’en ai presque su gré, car par ce temps de tempête je n’aime pas à te savoir dans des rues désertes le soir. Je ne sais pas s’il vente chez toi autant que chez moi, mais toute la nuit j’ai cru que les portes, les fenêtres et les murs de la maison seraient dispersés par la violence du vent. Aussi ai-je très peu dormi. Sans être peureuse, on ne peut pas se défendre d’une certaine inquiétude quand on est femme et seule dans une maison presque isolée. Voilà ma bravoure, je ne m’en défends pas, riez si vous voulez, mais j’aimerais mieux être avec vous, fût-cea dans un coupe-gorge, que seule au milieu de Paris. Je serais plus rassurée et surtout infiniment plus heureuse. Voilà, mon cher petit homme, mon opinion et mes préférences.
Le père Rivière est venu hier au soir me dire que M. d’Heudelet n’habitait plus Paris, qu’il s’était fixé à Nuits, département de la Côte-d’or [1], qu’il craignait en lui écrivant qu’il ne se ressouvînt pas assez exactement de son nom et de sa personne, mais qu’il ferait ce que tu jugerais convenable qu’il fît. Il m’a laissé deux de ses papiers, tu les verras quand tu viendras. Cher adoré, j’avais promis de ne plus te tourmenter d’ici à très longtemps pour mes protégés et voilà que je recommence tout de suite. Mais c’est que je te sais si bon, si bon, si bon que j’en use et j’en abuse en toute occasion sans crainte de te lasser. Ce n’est pas comme mon amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 259-260
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « fusse ».

Notes

[1Le général d’Heudelet (1770-1857), héros des guerres napoléoniennes, s’était retiré sur ses terres de Bierre-lès-Saumur.

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