28 septembre [1849], vendredi matin, 7 h.
Bonjour, mon tout bien-aimé, bonjour, dormez. Je viens de hasarder un coup d’œil timide sur mes infortunées frusques d’hier, ça fait frémir tout bonnement et je ne sais par quel bout les prendre avec ET sans calemboura. Dans l’état plus que restreint où vous me tenez depuis bientôt deux ans, lab moindre petitec anicroche survenued à ma toilette prend les proportions d’un désastre : l’inondation de la Loire, l’incendie de Salin [1], le déraillement de Fampoux [2] ne sont pas plus sinistres et plus terribles dans leurs résultats eu égard à la population de la France que ne l’est la plus petite averse sur mon infortuné casaquin et ma garde-robe étriquée. Voilà pourquoi, mon petit homme, vous me voyez redouter avec tant d’effroi les accidents comme celui d’hier et que vous m’en voyez si déconfiturée quand ils m’arrivent malgré mes précautions et mes prévisions. Si j’étais moins pauvre et si vous étiez plus généreux, je serais plus philosophe et je soumettrais moins souvent ma joie aux incidents atmosphériques. Cela ne m’empêche pas de vous aimer à amour fixe sans le secours du baromètre.
Juliette
MVHP, Ms a9053
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux
a) « calembourg ».
b) « le ».
c) « petit ».
d) « survenu ».
28 septembrea [1849], vendredi soir, 5 h.
Je vous trouve bien jeune, bien beau et bien galant pour un piocheur, mon cher petit homme, qui donc séduisez-vous aujourd’hui, s’il vous plaît ? Je ne sais pas pourquoi je ne vous trouve pas l’air honnête qui convient à un représentant [3] à bout de vacances [4] et se préparant aux luttes parlementaires [5]. Les plafonds fantastiques, les
Juliette
Leeds, BC MS 19c Drouet/1849/59
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « 7bre ».
b) « empressée ».