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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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2 août [1849], jeudi matin, 6 h.

Bonjour, mon tant de fois doux adoré, bonjour mon beau bien-aimé, bonjour, je te bénis et je t’aime de toute mon âme.
Je te demande pardon de te tourmenter au sujet de mes trois protégés et d’ajouter ce poids à la surcharge sous laquelle ton couragea et tes forces plient. Je m’en fais un remordsb et je voudrais pour tout au monde, maintenant, ne pas m’y être laissée entraîner. Je t’assure que je serai plus prudente une autre foisc avant d’engager ton influence et ta bonne volonté pour obliger les gens que je connais, même pour ceux que j’aime comme ce bon Vilain [1]. Mais pour cette fois encore, mon bien-aimé, je te supplie de dégager les promesses que j’ai faites en ton nom à la mère Sauvageot, au pauvre Lelyon et à M. Vilain. Je te le répète, ceci une fois fait je serai très sobre à l’avenir pour tout ce qui pourra ajouter une préoccupationd, un souci, une fatigue à ton pauvre esprit que personne ne ménage. Je te le promets, mon amour adoré, parce que je souffre moi-même trop de la pensée de te savoir en proie à des occupations incessantes et multipliées. Mon Victor aimé, mon adoré petit homme, je t’aime. Donne-moi l’occasion de te le prouver et de mourir pour toi et je serai la plus heureuse des Juju.

Leeds, BC MS 19c Drouet/1849/54
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « courages ».
b) « remord ».
c) « autrefois ».
d) « préocupation ».


2 août [1849], jeudi matin, 11 h. ½

Est-ce que tu ne pourras pas te reposer un peu aujourd’hui, mon petit homme ? Il me semble que les affairés, les importuns et les admirateurs ne doivent pas être tellement au courant des affaires de l’Assemblée qu’ils sachent, à point nommé, que tu n’as pas de séance aujourd’hui ? Dans le cas où ils ne le sauraient pas tu as au moins ce temps-là dont tu peux disposer pour prendre un peu de loisir et de repos. Je n’ose pas te prier de venir le passer auprès de moi parce que je sens que ma maison et ma personne n’ont plus aucun attrait pour toi. Mais tu me surprendrais bien agréablement si, par impossible, tu venais de toi-même passer deux ou trois heures à l’ombre de ma persienne et sous le rayonnement de mon pauvre cœur heureux. Je n’y compte pas, je le désire de toutes mes forces, voilà tout. Dans le cas où tu irais à l’Académie je me tiendrai prête à deux heures. Et, pour que mon bonheur se prolonge plus longtempsa, j’irai t’attendre à Saint-Germain-l’Auxerrois [2] où tu me prendrais en passant pour revenir ensemble. Si je ne dois pas te revoir avant ce soir, hélas ! je tâcherai de croire que tu te reposes, que tu penses à moi et que je ne suis pas très malheureuse.

Juliette

Leeds ; BC MS 19c Drouet/1849/55
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « long-temps ».

Notes

[1Victor Vilain.

[2Juliette Drouet a l’habitude d’attendre Victor Hugo dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois.

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