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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 avril [1838], dimanche matin, 10 h. ½

Bonjour mon cher adoré, bonjour. Je vous écris levée. J’ai été réveillée par un coup de sonnette du commissionnaire qui apportait la cheminée toute faite et les deux tables de nuit ; il est très facile de poser la cheminée soi-même ; mais tout cela compose un ensemble médiocre et peu satisfaisant. Peut-être ne seras-tu pas de mon avis, mon adoré, l’essentiel est que tu sois content. Tu t’y connais mieux que moi et j’aime mieux voir par tes yeux que par les miens quand cela ne te fatigue pas. Comment vas-tu, mon cher petit homme ? Comment vas-tu, mon adoré ? Je rêve de toi toujours, plus que jamais. Je t’aime. Je voudrais ne te quitter jamais. Aussi tu penses ce que je dois souffrir de l’affreux régime auquel tu me soumets par raison, je le sais bien, ce qui n’en est pas plus consolant. Bonjour mon amour, bonjour ma vie, bonjour ma joie. J’ai déjà débarrassé la cheminée de ces deux vilains vases lourds, mais elle manque de grâce, ce qui tient, je crois, à son peu d’élévation. Quanta à la table de nuit, l’habitude de ce gros prie-Dieu fait que je la trouve mesquine. Mais de toute façon il sera impossible d’y faire les deux coupes ni le beau pot fantastique, tout ce qu’elle peut faire c’est de porter le beau pot bleub. Et puis je t’adore, c’est toi qui esc beau.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 92-93
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « quand ».
b) « bleue ».
c) « est ».


29 avril [1838], dimanche après-midi, 3 h. ¾

Mon cher petit bijou d’homme, vous ne venez pas et cependant je vous désire de toutes mes forces. J’ai travailléa toute la journée pour arranger votre chambre. Je ne me suis même habillée et débarbouillée qu’en gros, à cause de cela. Jourdain sort de chez moi à l’instant. Il venait voir comment allait la cheminée. Il y a plusieurs petites rectifications à faire, il viendra demain prendre tes ordres. Jour mon petit o, jour mon gros To. Je t’aime, je t’adore. Mais pourquoi ne viens-tu jamais dormir avec moi ? Tu dors cependant bien un peu tous les jours ? Pourquoi donc ne pas me donner la préférence ? J’aurais tant soin de toi. Je te dorloteraisb si bien que tu serais bien content et bien heureux si tu m’aimes. Ma vie est bien triste depuis six mois, c’est à grand peine que je te vois une heure par jour et toujours en courant. Si tu sentais comme moi le mal de l’absence il y a longtemps que tu aurais changé cette hideuse manière de vivre. Mon adoré, je ne te grogne pas pour te dire cela. Je me plains un peu, voilà tout. Si je ne t’aimais pas cela me serait tout à fait égal et peut-être même ne m’en apercevrais-je pasc. Mais je t’aime. Je t’adore. C’est bien vrai. Tu m’as promis une petite lettre, ne l’oublie pas, mon adoré, que j’aie quelque chose de ton cœur et de ta pensée à baiser puisque je ne peux pas t’avoir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 94-95
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « travailler ».
b) « dorlotterais ».
c) « appercevrai ».

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