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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 mars 1860

Guernesey, 4 mars 1860, dimanche matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour à tout vent et à tout crin, bonjour et bonheur. Comment as-tu passé la nuit, mon petit homme ? Cette question revient invariablement sous ma plume tous les matins parce que ma sollicitude pour toi, mon adoré, s’éveille en même temps que moi. J’espère que tu as bien dormi et que tu vas très bien ce matin. En attendant que j’en aie la certitude, je regrette que tu m’aies fait m’engager sérieusement pour le dîner des Marquand mercredi car je ne suis pas assez sûre de mes pieds pour répondre qu’ils iront par tous les temps et à toutes les heures à une distance donnée. En outre je crains que leur insistance ne cache le projet de demander la collaboration de Suzanne, laquelle m’a renouveléa hier au soir le refus, pour ne pas dire la volonté de n’y pas aller. Désir qu’elle m’avait exprimé quand les Marquand ont préféré la cuisine de Julie Duvergier à la sienne et cela plusieurs fois. Je n’ai aucune raison et surtout aucun droit de l’y contraindre mais je pouvais dissimuler son refus par le besoin de sa présence auprès de moi à la maison. Tout cela est plus embarrassant maintenant, mon cher petit homme, que tu m’as pour ainsi dire engagée irréversiblement. Je passerais sur ces difficultés et sur bien d’autres pour être quelques instants de plus avec toi, mon tout adoré, si je ne craignais pas d’être souffrante et maussade au milieu de la jovialité générale et des jocosités [1] particulières. Cependant, si tu crois que je ne peux pas m’en dispenser j’irai, même sans me faire PAYER une voiture par le trop généreux Marquand. Mais il reste toujours la solution Suzanne. Espérons qu’ils n’en auront pas besoin. Quant à moi je t’aime à toute sauce, tel est mon chic.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 41
Transcription de Claire Villanueva

a) « renouvellé ».

Notes

[1Jocosité : joie, gaité.

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