Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1860 > Janvier > 1

Guernesey, 1er janvier 1860, dimanche matin, 8 h

Je suis guérie, mon cher bien-aimé, car ma santé c’est ton amour. Je me sens heureuse et bénie dans chacun de tes mots, de tes sourires et de tes baisers. Merci, mon sublime et divin adoré, merci de tout mon cœur et de toute mon âme, avec tous les doux souvenirs de notre passé et toutes les radieuses espérances de l’avenir.
Je souhaite que tout ce que tu désiresa en ce monde t’arrive, ainsi qu’à ta noble et digne femme et à tes chers et courageux enfants. Ce vœu, malgré sa formule banale, est l’expression tendre, religieuse et sincère de mon amour et de mon dévouement pour vous tous et j’y associe la pensée sainte de nos deux enfants du ciel [1] en les priant d’obtenir de Dieu tout ce que je lui demande pour toi et pour les tiens de gloire et de bonheur.
Je suis si émue, cher adoré, que je sais à peine ce que je t’écris. Tout mon être vibre comme une harpe en songeant à toi si grand, si bon, si glorieux, si doux et si tendre. Je sens que je t’aime plus que mon être humain ne peut contenir. Je t’aime au-delà de cette vie et je t’adore presque comme si je n’étais plus qu’une grande âme. Je suis comblée, je suis heureuse, je suis au ciel. Je baise en pensée toutes les précieuses reliques que tu me donnes aujourd’hui : mon grand dessin, mon petit encrier [2], et ma divine petite lettre que j’ai déjà presque dévorée et je t’attends pour te faire subir le même sort. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 1-2
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « désire ».

Notes

[1Claire Pradier, fille de Juliette et du sculpteur James Pradier, est morte de la tuberculose le 21 juin 1846, l’unique fille de Juliette Drouet, Claire Pradier (du père sculpteur James Pradier), meurt de la tuberculose à l’âge de vingt ans. Le 4 septembre 1843, Léopoldine Hugo s’était noyée dans la Seine, à Villequier.

[2Hugo lui offre l’encrier avec lequel il a écrit La Légende des siècles. Il lui offre aussi un exemplaire unique d’épreuves de La Légende des siècles, avec en en-tête une déclaration attestant qu’elle lui a sauvé la vie au péril de la sienne en décembre 1851 ; voir CFL, t. X, p. 1534.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne