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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juillet [1844], dimanche matin, 10 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto adoré, bonjour, mon cher petit homme chéri, bonjour vous, bonjour toi, je vous aime. Je ne veux pas que vous recevieza de fleurs mystérieuses. Vous savez bien que j’ai eu la délicatesse de refuser deux pots de chiendent anonymes. Je veux que vous ayez les mêmes scrupules que moi ou bien j’aurai la mêmeb liberté que vous. Choisissez ou la mort. En attendant, je nage dans un flot de poussière, on ne se voit plus chez moi avec les décombres et le plâtre qu’on charge et qu’on décharge. Je suis la plus malheureuse des Juju dans ce moment-ci. Je vais me dépêcher à m’habiller afin d’être prête à sortir si vous venez me chercher tantôt. Il est probable que j’en serai pour mes préparatifs mais enfin, je ne veux rien avoir à me reprocher si par hasard vous aviez la bonne inspiration de nous faire sortir aujourd’hui.
Clairette est revenue de la messe, elle lit dans ce moment-ci. Tout à l’heure, je lui ferai gratter du piano pour la distraire. Cocotte crie, Suzanne brait et moi, je vous aime. Vous voyez que nous faisonsc toutes notre devoir. Baisez-moi, vilain, et soyez-moi fidèle de tout : je vous l’ordonne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 281-282
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « recviez ».
b) « mêmes ».
c) « fesons ».


21 juillet [1844], dimanche après-midi, 4 h. ¼

Te voilà déjà parti, mon cher bien-aimé, et j’ai à peine eu le temps d’emplir mes yeux de ta douce et ravissante figure, ma bouche de tes baisers, mon âme de ta présence adorée et tu es déjà parti ! Il me semble qu’il fait nuit [dedans ?] moi quand tu n’es plus là. Ta présence, c’est mon soleil, c’est ce qui me réchauffe eta me réjouit le cœur. Hélas ! pourquoi faut-il que ces moments lumineux soient si courts ! Je sais que tu travailles, mon pauvre bien-aimé, je le sais trop mais je crois savoir aussi que tu donnes tout ce qui te reste de loisir à d’autres qu’à moi. Si je me trompe, je t’en demande pardon à genoux. Mais si je ne me trompe pas, il faut me rendre tout de suite ce qui m’appartient et revenir bien vite auprès de moi. Je ne te gronderai pasb, bien au contraire je te baiserai, je te caresserai, je te bénirai, je t’adorerai.
Vous n’avez pas voulu accepter mes propositions de mordre à même mes demoiselles en commençant par Joséphine. Vous voyez bien que vous refusez les bonnes occasions. Venez vous plaindre une autre foisc et vous verrez comme je vous écouterai : voime,voime, avec une bonne trique sur votre dos. D’ici là, prenez garde à la duchesse MAGNOLIA1.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Pense à moi, aime-moi, je t’en prie de toutes mes forces et de toute mon âme. Le jour où tu ne m’aimeras plus, je mourrai, c’est bien vrai, mon adoré. Tu le verras d’ailleurs.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 283-284
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « rechauffet ».
b) « Je te ne gronderai pas ».
c) « une autrefois ».

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