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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 avril [1844], lundi matin, 9 h.

Bonjour mon Toto bien aimé, bonjour toi. Tu trouves toujours le moyen de me tourmenter et de me faire enrager outre mesure, et celui d’être le meilleur et le plus charmant des hommes. Ainsi, hier, tandis que je m’impatientais et que je t’accusais, tu t’occupais de moi et tu faisais tous tes efforts pour rendre service à cette pauvre Mme Luthereau dans la personne de son mari. Je t’en remercie du fond du cœur, mon adoré, et je te demande pardon de mon injustice et de l’excès de mon amour qui me rend irritable, inquiète et méchante. Je voudrais me corriger mais je sens que cela n’est pas possible car il faudrait t’aimer moins. De deux maux, j’aime mieux encore le plus petit. Je GARDE mon amour et ma férocité. Je vais écrire à Mme Luthereau pour lui dire de passer chez moi sans entrer dans plus de détails. Je serais bien contente si ces pauvres gens pouvaient avoir une pierre d’attente de ce côté-là [1]. Mais tant que l’avis officiel ne sera pas arrivé, je ne me livrerai à aucune joie.
Jour Toto, jour mon cher petit o, je vous aime, vous êtes mon Toto adoré. Pensez à moi, plaignez-moi et aimez-moi. Je vais bien penser à vous et bien vous désirer et bien vous aimer. Trop même. Je baise vos chers petits pieds et je vous adore. Tâchez de venir un peu tout à l’heure.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 91-93
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette


29 avril [1844], lundi soir, 9 h. ¼

Ne fais pas attention, mon bien-aimé, à ce que j’ai de triste et de morose dans le caractère. Cela tient à un affreux mal de tête qui m’absorbe tout entière. J’espère que lorsque cette crise sera passée, je serai un peu plus maîtresse de moi. En attendant, je conviens que je ne suis rien moins qu’aimable et qu’il faut que tu aies bien de la patience et bien de la bonté, de reste, pour ne pas te fâcher contre moi. Cette petite promenade m’a un peu soulagée, cependant je souffre encore beaucoup. Je vais me coucher tout à l’heure, car je suis incapable de rien faire.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Serais-tu venu me chercher pour sortir si Mme Luthereau ne t’avait pas rencontré ? Tu vois, mon pauvre ange, que, décidément, je suis incorrigible. Je suis tellement frappée de l’idée que tu ne m’aimes plus que je cherche avec le plus grand soin tout ce qui peut corroborer cette affreuse pensée. Je souffre, mon Toto, plains-moi. N’écoute pas toutes les divagations qui sortent de ma pauvre tête malade. N’oublie pas que je t’aime et que je mourrai le jour où tu ne m’aimeras plus. Pardonne-moi ma tristesse sans raison. Sois assez bon pour mettre tout sur le compte de mon mal de tête et aime-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 93-94
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « toute entière ». 

Notes

[1À élucider.

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