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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 novembre [1843], dimanche matin, 10 h. ¼

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon adoré. Comment vas-tu, ce matin, comment m’aimes-tu ? Je t’aime moi. Je t’aime de tout mon cœur et de toute mon âme. Je ne veux pas te grogner puisque c’est un parti pris chez toi de ne plus venir du tout déjeuner avec moi. Depuis deux mois il est clair que puisque tu n’es pas venu une seule fois c’est que tu ne le veux pas car rien dans le monde n’a pu t’empêcher de me donner une seule matinée depuis deux mois si tu l’avais bien voulu. Peut-être si tu me donnais la raison qui t’empêche de venir la comprendraisa-je à la rigueur quoiqu’il soit difficile de comprendre une raison qui éloigne de vous l’homme pour lequel on donnerait sa vie. Mais enfin s’il y en a une à tes propres yeux pourquoi ne pas me la dire et me laisser supposer que tu ne m’aimes plus ? Je sais bien que tu me réponds des billevesées. Mais se moquer des gens ce n’est pas répondre. Tu travailles toutes les nuits, je ne le sais que trop. Tu travailles dans la journée, je le sais encore. Mais enfin les quelques heures de repos que tu ne peux pas te dispenser de prendre, ton déjeuner quotidien, qui t’empêche d’en prendre quelques uns auprès de moi ? Assurément tout ce que tu diras ne peut pas me donner le change sur le véritable motif de ton absence de ma maison et de mon lit. Et puis, je te le répète, mon adoré, si tu as une raison bonne pourquoi ne pas la donner, cela m’ôterait cet affreux souci du cœur ? Je voudrais ne pas te parler de ça mais de quoi te parlerai-je, mon adoré, si ce n’est de ce qui occupe toutes mes pensées ?
Mon petit bien-aimé, je t’en conjure, si tu as quelque motif pour t’abstenir de venir auprès de moi dis-le moi quel qu’il soit. Cela voudra toujours mieux que les suppositions que je fais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16353, f. 95-96
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « comprendrai »

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