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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 février [1837], samedi après midi, 2 h. ½

Bonjour, mon cher bien aimé Toto, bonjour mon adoré. J’ai tant dormi que je ne sais plus où j’en suis. Si je n’étais pas encore un peu malade je mériterais d’être mise au pain et l’eau pour avoir dormi aussi tard. Mais j’ai mon pardon d’avance. Je viens de recevoir une lettre, je ne sais de qui, je vous attends pour en faire l’ouverture.
Merci, cher adoré, merci de tes bonnes petites lignes. Je les ai bien baisées. Aussi ai-je passé une bien bonne nuit, trop bonne même, à en juger par l’heure à laquelle je m’éveille.
Je t’aime, mon petit Toto bien aimé. Je vivrais jusqu’à la fin du monde et je t’écrirais sans relâche que je te dirais et que je sentirais toujours que je t’aime de toute mon âme.
Mon bon petit Toto est-ce que tu ne t’es pas encore couché cette nuit ? J’en ai bien peur à l’entrain dont tu étais cette nuit en me quittant. J’ai bien peur que tu n’aies continué comme cela toute la nuit au risque de te faire du mal, car quelle santé résisterait à un travail aussi opiniâtre et aussi continu que celui que tu fais depuis longtemps ? Mon cher petit adoré, mon cher petit homme, mon pauvre bon ange, ménage-toi, pense à moi, pensea au désespoir dans lequel je serais si tu étais vraiment malade. Mon Dieu je n’ose pas y penser sans effroi. Ménage-toi donc pour l’amour de moi, mon cher adoré, et reçois mille baisers en récompense.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 177-178
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « ménages-toi, penses à moi, penses ».


18 février [1837], samedi soir, 7 h. ½

Oui vous êtes un vieux gourmand, vous ne m’avez pas quitté si vite que pour aller chez vous goblotter des bonnes choses [Mi Mi Mi ? Mé Mé Mé ?].
Je sens que la promenade m’a fait assez de bien. Dame, c’est qu’il fait si beau, aussi, que cela ressusciterait un mort, à plus forte raison une vivante. Pauvre chéri, c’est ton tour aujourd’hui d’avoir mal à la tête. J’aimerais mieux que ce fût moi parce que un bobo de plus ou de moins il n’y paraîtrait pas, tandis que toi mon bel ange obligé de travailler, c’est vraiment trop, beaucoup trop. Je ne sais pas comment cela ce fait, mais je t’aime tous les jours davantage. Quoique cela me paraisse impossible à moi-même, cela est pourtant.
Je ne veux pas que tu croiesa que je fais de folles dépenses. Si tu étais une femme, mon bien-aimé, au lieu d’être le plus ravissant des hommes, tu saurais que je suis bien discrète et bien réservée pour ma dépense personnelle, et qu’il n’y a que le strictb nécessaire que je me donne. Je te dis cela parce que je crains qu’occupé comme tu l’es et gagnant si péniblement l’argent que tu me donnes, tu ne me rendes pas toute la justice que je mérite.
Je t’aime, mon amour, je t’aime mon Toto adoré, je te donne ma vie, mon cœur et mon âme pour toujours et sans y prétendre jamais rien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 179-180
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « croyes ».
b) « stricte ».

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