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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 janvier [1837], jeudi matin 10h ½

Bonjour toi, bonjour mon cher petit homme bien aimé. Comment pourrai-je te dire tout ce qu’il y a d’amour pour toi dans mon cœur, ce n’est pas chose bien facile avec les mots qui manquent et ceux qui sont impuissants à rendre avec énergie la passion du cœur la plus vraie et la mieux sentie, je ferai comme font les bons ouvriers avec des mauvais outils dont ilsa se servent pour faire des chefs d’œuvres. Pour commencer, mon cher adoré, je vous aime, je vous aime, je vous aime. Si on mesurait mon amour, il se trouverait que le contenu est dix millions de milliards de fois plus grand que le contenant. C’est encore un des phénomènes de l’amour et l’un des plus charmants.
Pauvre ange, se peut-il que tu te sois obstiné dans un travail pénible dans l’intention seulement de tenir la promesse que tu m’avais faite et que nous aurions pu remettre à un temps plus opportun. Je ne sais ce que je dois le plus blâmer ou le plus admirer. Pour ne pas me tromper je fais l’un et l’autre.
Cher adoré tout ce que tu me donnes ainsi a pour moi une valeur que rien au monde ne peut payer, car c’est ton amour, c’est ton repos, c’est ta vie que je reçois sous cette forme. Cher cher adoré, sois béni.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 71-72
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « il ».


19 janvier [1837], jeudi soir, 8 h. ½

Mon bon petit homme chéri je vous aime bien fort de toute mon âme, vous êtes très gentil, très bon, très beau et très aimé. Je voudrais bien que vous veniez ce soir me donner l’étrenne de ma barbe, vous verriez comme je serais contente et ravie.
Vous séduisez toutes les femmes qui viennent chez moi, Dieu merci. Si cela continue je ne vous montrerai plus à personne. J’ai peu besoin moi de faciliter vos conquêtes et à ce sujet là je vous dirais que j’ai dit tout le mal que je sais de vous et que je pense pour dégoûter les femmes assez infortunées pour se laisser prendre à votre beau ramage.
J’ai donné ce soir à Mme Lanvin ma vieille robe, pour qu’elle ait à en tirer un à peu près pour cette pauvre Turlurette qui est à ce qui paraît toute nue. Il est vrai que mon cadeau ne la couvrira pas beaucoup mais la mère prétend qu’elle la doublera et que ce sera ébouriffant.
Jour, mon Toto, vous devriez bien venir montrer votre joli petit bec et continuer le joli petit système que vous aviez inventé pendant que je vous raccommodais vos bretelles, je me laisserai faire je vous assure car que vous aime plus gros que la maison.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 73-74
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

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