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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 avril [1837], samedi matin, 11 h.

Bonjour toi, bonjour mon cher bien-aimé, bonjour. Je t’aime. Sois heureux, sois tranquille, je t’aime bien honnêtement. Je suis un peu malade ce matin mais ce ne sera rien. Le remède est déjà commencé puisque tu m’aimes et que tu me crois quand je te dis : je n’aime que toi, mon Toto, que toi, et je te sens bien fidèle. J’espère que vous vous serez couché cette nuit, mon cher petit homme errant. Vous avez besoin de repos, c’est-à-dire que moi j’en ai besoin de votre repos et vous n’avez pas le droit de disposer de vous à toute heure du jour et de la nuit. Je veux me réserver au moins une part de votre temps que je saurai mieux employer que vous, je vous le jure. En attendant j’ai fait des rêves tristes et ennuyeuxa toute la nuit. Je me suis levée malade et grelottante car il fait vraiment froid. C’est stupide ! Pensez un peu à moi, mon cher petit homme, pensez à votre pauvre Juju qui vous aime, pensez à elle avec amour, vous feriez une bonne et juste action. Si vous saviez comme elle vous aime cette pauvre Juju, vous seriez bien heureux et bien reconnaissant. Jour mon petit o, jour mon gros O. Je voudrais bien voir le petit bout de votre nez pour me servir de LUMIÈRE car c’est à peine si j’y vois pour vous écrire. Venez donc bien vite. Jour, je baise vos pieds et vos mains.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16330, f. 101-102
Transcription de Chantal Brière

a) « ennuieux ».


29 avril [1837], samedi après-midi, 1 h.

C’est encore moi, mon Toto bien-aimé, c’est encore moi qui viens vous trouver, ne vous dérangez pas je suis accoutumée à attendre [assez  ?]. Laissez-moi seulement vous dire que je vous aime et combien je vous aime. D’abord je vous aime de toutes mes forces et ensuite de toute mon âme et puis je pense à vous toujours et toujours je vous désire. J’ai travaillé toute cette matinée, j’étais en retard de bien des choses que j’ai faites. S’il ne faisait pas si vilain je pourrais espérer te voir bientôt, mon cher petit homme, mais avec ce temps-là il est impossible d’espérer rien d’heureux car il faut être brave et imperméable pour se risquer hors de chez soi même quand on sait trouver un bon feu et une bonne Juju à quelques pas de là. Je fais de mon mieux pour me persuader que je suis résignée. En attendant je suis triste et impatiente et je t’aime bien fort. Jour mon petit oto. Quand vous ne saurez plus où porter vos pas, venez rue Sainte-Anastase no 14 [1], vous y serez bienvenu, bien reçu et bien traité, vous serez nourri, chauffé et coucherez avec la princesse auxa frais du gouvernement [2]. C’est pas cher ! Venez, venez mon petit homme. Venez mon adoré Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16330, f. 103-104
Transcription de Chantal Brière

a) « au ».

Notes

[1C’est l’adresse de Juliette depuis le 8 mars 1836.

[2Détournement de l’expression « aux frais de la princesse ».

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