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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 mars 1859

Guernesey, 23 mars 1859, mercredi, 8h.

Bonjour, mon pauvre grand bien-aimé ; bonjour avec toute la tendresse de mon cœur et de mon âme. Comment as-tu passé la nuit ? Ton bain t’a-t-il un peu détendu ? J’espère que oui. J’espère aussi que tout s’arrangera autour de toi de façon à ce que ton pauvre cœur n’en souffre pas trop. Et puis la solution que Charles considère comme possible arrangerait tout et il n’y aurait pas de séparation même pour un mois. Si tu peux aller à Bruxelles, tout est pour le mieux. Si tu ne le peux pas, mon pauvre bien-aimé, comme je le crains, il faudra reprendre ton courage encore plus fort que la première fois, puisque le sacrifice sera encore plus grand, Charles étant de la partie, et te résigner à vivre pendant quelque temps avec ton jeune fils Victor chez toi et avec moi, qui tâcherai de me multiplier pour combler le trop grand vide que tous ces chers absents vont faire dans ta vie, pendant un mois ou deux. Il est bon et il est juste que ta famille respire de temps en temps un peu d’air extérieur, ne fût-cea que pour lui faire apprécier par comparaison le bonheur intérieur nimbé et rayonnant que leur fait ton exil. Je m’explique mal, mon cher bien-aimé, mais je sens vrai et, surtout, je t’aime et j’aime tout ce que tu aimes avec le plus tendre, le plus profond et le plus entier dévouement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16380, f. 76
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « fusse ».

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