Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 15-16

Mercredi soir, 8 h. ½

Sois tranquille, mon cher petit Toto, j’aurai bien du courage, tu verras si je fléchis seulement d’une ligne quand j’en serai aux prises avec le Janisset et le Martignon et les autres. Je t’aime bien trop pour me laisser intimider par ces affreux usuriers. À tout prendre, ils ne me guillotineront pas, tandis que si je perdais ton amour, je mourraisa pour de bon. Ainsi tu vois bien que je ne serai pas facile à démonter quand il s’agira de lutter avec tous mes ignobles créanciers. Pour être plus à mon aise avec eux, il faut que je me porte bien, c’est pour cela que nous allons aujourd’hui même écrire à mon médecin qu’il ait à venir me voir demain. Car vraiment là, si j’osais faire un calembour après vous, mon maître, je dirais que je suis ce soir sur tout autre chose que les dents. En vérité, je suis très fatiguée, je n’en peux plus. Je vais me recoucher car j’ai une manière de frisson fort gênante pour rester debout. Mais avant : que je te baise de tous les côtés, de toutes mes forces et de toute mon âme.
Bonsoir, à bientôt, dors bien. Il me semble que je vous rends un peu bien vos souhaits soporifiques, seulement vous en ferez un meilleur usage que moi parce qu’ils arriveront plus à propos que les vôtres. Dors bien, mon cher Toto, porte-toi bien, repose-toi bien, aime-moi bien par-dessus tout, comme je fais de toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 15-16
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « mourerais ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne