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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Aux Metz, mardi matin [28 septembre 1835], 8 h. ½

Bonjour, mon Victor chéri, bonjour, mon Toto bien-aimé. Ne t’inquiète pas, ne sois pas malheureux, n’aie pas mal aux yeux, ton cher petit garçon ne sera pas malade sérieusement. Je t’aime et il fait beau. J’espère que tu auras bien dormi cette nuit et enfin, moi, je me porte bien. J’ai mieux reposéa cette nuit qu’à l’ordinaire. Je n’ai pas eu de coliques et je n’ai presque plus mal à la tête. Tu vois donc bien qu’il faut nous réjouir, qu’il faut être heureux, qu’il faut être geai. Quant à moi, je te porterai un cœur rempli d’amour, un esprit tout plein de toi et un visage heureux par toi.
Je me suis couchée hier à 9 h. ½, j’ai très bien dormib jusqu’à 6 h. du matin et puis, depuis 7 h. jusqu’à 8 h. ¼, j’ai redormic, ce qui m’a fait un bien extrême.
Il fait un temps ravissant mais je n’irai pas encore par la prairie aujourd’hui, je craindrais qu’elle ne fût pas tout à fait sèche pour mes pieds. Cependant, j’ai beaucoup d’impatience de te voir le plus vite possible pour toutes sortes de raisons dont la première, celle du milieu et la dernière sont l’amour, l’amour, l’amour. Mais à ces raisons, il y en a d’autres tissées ensemble comme celles de savoir comment Charlot [1] a passé la nuit, comment tu as trouvé ton monde et ce que tu as fait pendant notre séparation.
Voilà, mon bon petit homme, pourquoi je devance en désir l’heure de te voir, voilà pourquoi je suis impatiente, voilà pourquoi je t’aime TOUS LES JOURS PLUS.
À bientôt mon amour, à bientôt ma joie, à bientôt, je t’aime, je t’aime, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 310-311
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « reposée ».
b) « dormie ».
c) « redormie ».


Aux Metz, mardi soir [28 septembre 1835], 7 h. ½

Je t’écris avant mon dîner aujourd’hui, mon cher petit homme, parce que la soupe n’est pas encore servie. Je suis rentrée à 7 h. très précisesa par un très beau clair de lune, ce qui me donne l’espoir de vous avoir cette nuit entre mes bras, ce qui ne me sera nullement désagréable, bien au contraire. En attendant que je vous aime de toutes mes forces, je vous aime de toute mon âme. En attendant que je vous possède, je vous désire, mon beau et cher petit homme.
Vous avez bien beaucoup travaillé tantôt et loin de vous en vouloir, je vous plaignais et je vous aimais encore plus. Sans doute, il m’est bien plus doux d’être avec vous tout à fait, mais puisqu’il faut que vous travailliezb, je m’estime trop heureuse quand j’assiste à votre travail, du moins je vous vois.
Voici venir la fameuse soupe aux choux, précédantc les fameux champignons blancs et roses. J’espère que vous n’aurez point à vous repentir de m’avoir permis de m’empoisonner. Hyacinthe qui en a mangé tantôt assure qu’ils sont tout à fait innocents. Ainsi, si je meurs cette nuit, cela ne pourra être que d’amour. Hâtez-vous de venir, mon adoré, je vous attends avec bien de l’impatience. Jamais vous n’aurez été plus aimé, plus désiré et plus attendu que ce soir.
À bientôt donc et mille baisers et mille tendresses qui vous attendent. Je ne vous dis pas bonsoir mais à bientôt. Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 312-313
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « très précise ».
b) « travaillez ».
c) « précédent ».

Notes

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