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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 janvier [1837], jeudi, midi ¾

Cher cher petit homme, je suis bien heureuse, je suis bien contente. Vous m’avez donné du bonheur hier et encore un peu pour ce matin. J’espère que vous viendrez ce matin très tôt et très longtemps. Je vais renvoyer Claire aujourd’hui, j’enverrai chez Mme Lambin savoir s’il y a quelque chose qu’on puisse donner à la maîtresse.
Vous savez que depuis du Vert-Vert [1] j’ai une main large et longue et par conséquent puissante ainsi vous ne serez point étonné que pour profiter d’avantages dont la nature m’a si largement douée je sois votre maîtresse dans toute l’acception du mot.
Aussi dès aujourd’hui du côté de la barbe ne sera pas la toute puissance [2] au contraire. Je t’aime toi.
Je t’écris dans un nuage de fumée qui m’aveugle et qui m’asphyxiea. Je vais me lever. Je baise avant vos petites mains blanches et vos pieds roses et autres choses encore s’il ne faisait pas si froid. Jour Toto, jour mon petit bien aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 19-20
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « asphixie ».


5 janvier [1837], jeudi soir, 9 h. ½

Je viens de renvoyer ma Claire à sa pension. Avant de partir elle m’a chargée d’une commission pour vous dont je ne manquerai pas de m’acquitter, je vous prie de le croire. Je vous aime comment trouvez-vous ça ? Oh c’est particulier, c’est incroyable. Ah ! c’est charmant. Je n’oublie pas que vous m’avez sauvé la vie et je vous en garderai une reconnaissance éternelle. C’est joli et bien tourné j’espère.
Dieu quel froid sterling j’ai aux pieds, c’est à en gémir dans tous les tons.
Comme je vous aime et que vous ne le savez pas, je crois devoir vous en prévenir par tous les moyens qui sont en mon pouvoir à commencer par celui-ci. Je vous aime mon petit Toto chéri, je vous trouve ravisant mon petit Oto, je vous adore mon petit O. Je vous adorerais encore bien plus si vous vouliez mêler plus souvent vos nuits à : à quoi ? C’est très difficile à dire. Voilà ce que c’est d’avoir la manie des citations.
Vos nuits à ce que la timidité naturelle à mon sexe m’empêche de nommer. Je vous aime, je vous aime, je vous aime, je vous aime, je vous aime, mais par exemple je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 21-22
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le Vert-vert est un journal. On peine à comprendre le sens de cette phrase.

[2Citation de Molière (L’École des femmes). C’est Arnolphe qui parle.

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