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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 23 décembre [18]64, vendredi matin, 9 h. ½

Que dis-tu de cette heure, neuf heures et demie, mon doux adoré ? Tu vois que c’est affaire à moi quand je m’y mets de faire la paresseuse. Il est vrai que j’avais une insomnie de quatre heures à rattraper et que j’ai bien fait puisque cela m’a si bien réussi. Mais aussi cela m’empêche de savoir à quelle heure tu as arboré ton cher petit signal. J’espère que tu auras passé une bonne nuit sans aucun accroc ni de cauchemarsa ni de rien de mauvais. Quant à moi c’est probablement les deux douces surprises de la journée et de la soirée, la lettre si charmante de ta noble femme [1], et notre petit festival improvisé, qui m’auront agitée, mais j’ai à peine dormi quelques heures dans toute la nuit y compris celles du matin. Je ne m’en plains pas. Le bonheur est toujours le bienvenu et doit passer avant toutes les exigencesb de la vie. Aussi je bénis celui-ci, de bonheur, comme ce que j’ai ressenti de plus doux et de plus attendrissant dans ma vie. J’espère que Dieu vous le rendra au centuple à toi et ta femme par le bonheur de tous ceux qui vous sont chers. J’ai le cœur si plein de bons sentiments que j’ai peine à les extrairec en idées claires et en mots corrects.
Mais comme tu sais mon âme par cœur tu pourras facilement débrouiller tout ce que je t’écris si confusément. Je me borne à t’aimer, le reste ne me regarde pas. Je vais me dépêcher de me lever pour faire ton petit café. Peut-être voudras-tu profiter du BON VENT pour errer sur la colline tantôt, raison de plus pour que je me hâte. Sur ce, je te baise depuis la tête jusqu’aux pieds et des pieds à la tête sans vous [en  ?] demander la permission.

J.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 273
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin, Blewer]

a) « cauchemards ».
b) « exigeances ».
c) « j’ai peine à les extraires ».

Notes

[1Le 22 décembre, Adèle Hugo convie par une lettre Juliette Drouet au repas des enfants pauvres : « Nous célébrons Noël aujourd’hui, Madame. Noël est la fête des enfants et, par conséquent, des nôtres. Vous seriez bien gracieuse de venir assister à cette petite solennité, la fête aussi de votre cœur. Agréez, Madame, l’expression de mes sentiments aussi distingués qu’affectueux. Adèle Victor Hugo » (lettre citée par Evelyn Blewer, ouvrage cité, p. 295).

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