9 décembre 1864

Guernesey, 9 décembre [18]64, vendredi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour et bonheur si tu as aussi bien dormi que moi et si tu m’aimes comme je t’aime, c’est-à-dire de tout ton cœur. J’espère que le sommeil aura dissipé le petit nuage que tu avais hier et qu’il n’en reste rien ce matin dans ton esprit. Il te sera facile d’éviter [illis.] petit inconvénient qui te préoccupait^a hier pour Bruxelles d’ici à l’année prochaine, donc il ne faut pas t’en contrarier dès à présent. Cher adoré, souris-moi en ce moment pour prouver que tu n’es plus ennuyé^b et que tu m’aimes. Voici le coup de canon [illis.] soleil. C’est le moment d’être GEAI comme un chien. S’il fait beau tantôt je te demanderai à sortir avec toi tant que les jambes pourront me porter. En attendant je me dorlote^c dans mon lit comme une grosse paresseuse que je suis. Si j’étais sûre que tu en fais autant de ton côté je serais très heureuse. Songe que nous aurons demain à dîner ton charmant petit Victor [1] et qu’il faut que nous lui fassions fête non seulement du cœur, ce qui va sans dire, mais du sourire, de la gaieté, de l’esprit et de tout. Quant à moi, je serai naturellement ce que tu seras toi-même car je ne sais que t’aimer, t’aimer et t’aimer.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 260
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « petit inconvénient qui te préoccupais ».
b) « tu n’es plus ennuié ».
c) « dorlotte ».