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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 103-104

Bonjour ou bonsoir, je ne sais lequel des deux « car comment peut-on compter les jours quand il n’y a pas de soleil » disait dernièrement mon cher petit Toto [1] à propos de la création du monde et ce que je répète après lui à propos de ma vie sans toi. Cette journée, qui n’est pas encore tout à fait écoulée, m’a parua bien longue et bien lourde à tirer à moi toute seule. S’il en passait souvent comme celle-ci sur la voie de ma vie, le chemin deviendrait bientôt impraticable. Je suis triste et souffrante et je n’ose pas me plaindre car je sais que tu n’as aucune sympathie ni aucune pitié pour les souffrances qui naissent de la solitude et de l’attente trompée. Je me tairai donc sur mes maux, et je te parlerai de… de quoi ? De mon bonheur ? Ce serait dérisoire aujourd’hui. De ma vie ? De mes actions ? Ma vie tient trop à mon amour pour t’en parler dans des circonstances comme celle-ci. Quantb à mes actions, il y a longtemps que je me suis déchargéec sur toi de la responsabilité d’agir dans quoi que ce soit. Je ne puis que te répéter ce que je t’ai déjà ditd souvent, que je t’aime – que je t’aimerai toujours – heureuse ou malheureuse, flétrie ou considérée, vive ou morte.
Je t’aime ! Je t’aimerai !

Juliette

Mardi, 10 h. du soir

[Adresse]
À toi

BnF, Mss, NAF 16323, f. 103-104
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « parue ».
b) « quand ».
c) « déchargé ».
d) « die ».

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