Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1843 > Octobre > 25

25 octobre [1843], mercredi matin, 9 h.

Bonjour, mon Toto bien-aimé, bonjour mon cher petit homme, bonjour je t’aime. Je ne sais plus à quel saint me vouer pour obtenir que tu viennes passer une matinée auprès de moi. Si j’en connaissais un qui ait ce pouvoir, je m’adresserais à lui et je le harcèlerais jusqu’à ce qu’il m’ait accordé ce que je lui demande. Quant à vous, mon Toto, c’est comme si je parlais à un sourd que de m’adresser à vous.
Comment as-tu passé la nuit, mon cher amour ? As-tu pris quelque repos ? J’espère que malgré ton travail ta nuit aura été meilleure que la mienne. J’ai eu la fièvre toute la nuit. Ce matin j’ai un mal de tête et de gorge affreux. Je suis encore toute brûlante et toute endolorie. Ce ne sera rien certainement mais dans le moment où on souffre, c’est toujours en mieux. Si tu étais venu tu m’aurais guériea. Voilà ce que c’est méchant homme que de ne pas venir. Si vous continuez ainsi j’en ferais une vraie maladie, tant pire pour vous. Ça sera bien fait et ça vous apprendra à me laisser livrer à moi-même des mois entiers. Baisez-moi vilain Toto. Voime, voime bien vilain, c’est drôle.
J’attends Lanvin aujourd’hui. Nous verrons s’il viendra. Je vais écrire le linge de la blanchisseuse et puis je tâcherai de me mettre à l’ouvrage tantôt. En attendant, je souffre, c’est bien ennuyeux.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Vous êtes bien coupable de me laisser souffrir comme ça quand il vous serait si facile de me guérir.
Si vous saviez comme votre cher petit portrait fait bien dans ce petit encadrement, vous seriez trop fier de votre invention. C’est charmant, il est impossible de rien voir de mieux réussi ! Cela devrait vous mettre en goût pour autre chose. Pauvre bien-aimé, c’est que tu es fatigué de tous ces travaux de chez toi. Je sens bien cela et je ne te tourmenterai pour moi. Aime-moi et tâche de venir bien vite m’apporter ta chère petite bouche à baiser et je serai bien heureuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 245-246
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « guéri ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne