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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juin 1842

13 juin [1842], lundi après-midi, 3 h.

Merci mon adoré, merci mon amour chéri de la bonne petite matinée de bonheur que tu m’as donnée aujourd’hui. Merci encore pour ta bonté charmante : tu fais tout ce que je veux, tu vas au-devant de tout ce qui peut me tranquilliser ou me faire plaisir, tu es un pauvre ange du bon Dieu, merci, merci, je te bénis et je t’aime à tous les instants de ma vie. Je viens d’écrire à la fameuse Charlotte [1] de m’envoyer son mari le plus tôt possible, demain ou après de midi à une heure. Puisqu’il faut que ce soit, le plus tôt est le mieux à cause de cette effroyable chaleur qui me fait bouillir la cervelle. Le hasard nous sert bien en cette occasion. Cela vaut mieux que tous les merlans [2] du voisinage, gens peu expérimentés d’ailleurs, et avec lesquels on n’est pas tranquille. C’est une occasion par laquelle je me laisse prendre aux cheveux. J’espère que plus tard que tu te laisseras prendre par elle afin que je ne sois pas seule de ma couleur et de mon avis. Je désire que ce soit le plus tôt possible pour que vous n’ayez pas trop à vous prévaloir de vos CHARMES NATURELS. En attendant, je suis une pauvre vieille Juju bien déplumée et bien déconsidérée, bien amoureuse et bien enragée après son jeune Toto. À propos de mon jeune Toto, j’espère que l’autre petit bien-aimé aura passé une bonne nuit et que tu l’auras trouvé mangeant et buvant comme un bon petit affamé qui sent son appétit et sa santé lui revenir au grand galop [3]. Tu me l’as promis, mon amour, et je retiens cette promesse pour m’en servir dès qu’il y aura lieu, aussitôt que le petit garçon sera guéri, nous prenons la clef des champs. Pauvre ange du bon Dieu, guéris bien vite afin que je fasse retentir mon cri de joie... Quel bonheur !!! que je n’ai pas fait entendre depuis bientôt deux ans. Dépêche-toi mon cher petit garçon bien-aimé car je suis bien pressée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 137-138
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À identifier.

[2Merlan (argot) : coiffeur. Juliette se désole depuis quelque temps de voir apparaître des cheveux blancs.

[3François-Victor, fils de Victor Hugo, se remet d’une maladie.

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