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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er mai 1860

Guernesey, 1er mai 1860

Bonjour, mon cher petit homme. Bonjour, amour, santé, bonheur. Comment as-tu passé la nuit, mon cher bien-aimé ? Bien n’est-ce pas ? Quant à moi j’étais si fatiguée que j’ai eu un peu d’insomnie mais il n’y paraît plus ce matin et su tu as le temps tantôt de faire une petite promenade je serai très heureuse d’être de la partie et de revoir notre chemin accoutumé que je préfère encore à tous les arbres car il me semble que les arbres nous connaissent moins, que les oiseaux sont plus familiers et que les fleurs entrent mieux dans notre douce et tendre intimité.
À propos il paraît qu’on avait refermé la volière car je n’ai rien vu et rien entendu après que tu as été rentré ; et en regardant mieux, au clair de lune, j’ai vu que toutes les vitres de la serre étaient uniformément closes. Tu aurais sans doute retrouvé Mme Duverdier chez toi et pu lui remettre les 12 F. d’appoint que j’avais si étourdiment oubliés dans ma bourse. Du reste en voici la cause : que je ne veux pas avoir plus longtemps le tort puéril de te cacher dans la crainte que tu ne regrettes la facilité bien gracieuse avec laquelle tu m’as laissée acheter ce châle en y contribuant pour ta part pour la moitié. Je te demande pardon de ce petit accès de méfiance fugitif que j’ai hier en sortant de chez Mme Duverdier pour ne pas troubler la bonne harmonie de nos cœurs et le plaisir de la promenade. Je le regrette, mon bien-aimé, et je t’en demande pardon comme d’une chose indigne de toi et de moi. Voici le fait : je n’avais pas songé que les livres jersiaises sont de [illis.] c’est-à-dire 2 [illis.] de plus par livre guernesiaise, ce qui pour les 10 livres [illis.] shillings faisait un surplus de 21. Justement j’avais pris une livre dans le cas où j’aurais l’occasion de la changer chez quelque bric-à-brac pour avoir de la monnaie. Cette livre a été donnée à Mme Duverdier, laquelle m’a rendu 3 [illis.] que je lui réclamais avec un étonnement où le [illis.] rentrant en retrouvant les [illis.] d’appoint oubliés. Voilà, mon adoré, la VRAIE VÉRITÉ.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 99
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

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