Guernesey, 25 juin [18]70, samedi matin, 6 h.
Bon jour, beau jour, bonheur, mon cher bien-aimé, et bonne nuit aussi pour toi comme pour moi et comme pour petite Jeanne. J’ai très bien dormi cette nuit, j’espère que c’est d’après ton bon exemple. Comment va ton bobo [1] ? Tu paraissais en souffrir un peu trop hier dans la voiture. Il me semblait que, dès que le clou était percé, le soulagement en était instantané et que la cicatrisation suivait de très près. Est-ce que je me trompe ? Il est vrai qu’il n’y a pas encore huit jours de cela ce qui n’empêche pas que ce ne soit trop long puisque tu souffres. Enfin il me faut prendre ton mal en patience, ce qui n’est pas aussi facile qu’on croit. Il est probable que tu auras des nouvelles de tes enfants aujourd’hui [2]. Je ne serais pas fâchée de savoir comment Petit Georges supporte l’absence de PaPaPa et de Petite Jeanne. C’est ce matin que la mère Morvan doit me rendre réponse de sa commission près de la nouvelle servante. Je voudrais que cela fût déjà conclu et j’ai peur de m’en repentir plus tard. Enfin au petit bonheur et n’oublie pas pour cela chez moi demain dimanche à trois heures.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 175
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette