30 mai 1872

Paris, 30 mai [18]72, jeudi 8 h.

Il me serait doux d’apprendre que tu as bien passé la nuit et tes chers petits enfants aussi. En attendant que je sache ce qu’il^a en est, je pense à toi et à eux et je vous aime tous à cœur que veux-tu. J’ai bien regretté que l’apparition de la petite édition de L’Année terrible samedi ne t’ait empêché de donner suite au projet charmant que tu avais émis hier mi-partie d’exposition, mi-partie et même partie entière de Petit Georges et de Petite Jeanne amphytrionnant chez Doyen [1]. Je sais trop ce que sont les parties remises pour ne pas éprouver une forte bisque du renvoi de celle-ci à mardi, c’est-à-dire à jamais. Cependant je reconnais que tu ne pouvais pas faire autrement cette fois-ci. Au reste je ne sais pas pourquoi je te parle de cela aujourd’hui avec tant d’insistance, moi qui d’ordinaire me résigne à mon guignon avec plus de philosophie. Mettons que je n’ai rien dit que ceci : Je t’aime. Il pleut, je le remarque avec plaisir en pensant à l’avant-dernière de Ruy Blas ce soir et à la dernière demain [2].

BnF, Mss, NAF 16393, f. 150
Transcription de Guy Rosa

a) « ce qui ».