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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 décembre [1836], lundi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon cher petit Toto, je t’aime de tout mon cœur. Je voudrais réchauffer tes bonnes petites mains car je suppose qu’elles doivent être très gelées, pour peu que tu sois encore dans ton vilain taudis carrelé.
Dites donc, l’ami, vous avez l’air de mépriser la surprise que je veux vous faire, vous n’êtes pas gêné encore, vous, eh ! [cte platine ?] ! Savez-vous bien que six cent chameaux, sans me compter, ne suffiront pas à la traîner, ma surprise, hein ! Vous êtes collé, vous l’êtes, il l’est, d’ailleurs, si vous dites encore un mot, je gardea tout, sans en rendre jamais le moindre compte à personne.
J’ai un froid de chien, quoique je sois encore dans mon lit. Mais mes draps, sans être blancs comme neige, en ont la fraîcheur, et je n’ose pas pousser le bout de mon pied hors de la place où j’ai dormi, de peur qu’il ne lui arrive d’être gelé sur place.
Il faut enfin que j’écrive à mon père [1], à ma fille, à Mlle Watteville. Je donnerais deux sous pour être délivrée de toutes ces corvées. Il n’y a qu’à vous, mon cher petit homme, que je ne me lasse jamais d’écrire, pas plus que je ne me lasse de vous aimer. J’ai bien envie de vous voir pour vous dire tout mon amour dans un seul baiser.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 279-280
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « je gardes ».


26 décembre [1836], lundi soir, 5h

Mon bon petit homme, j’ai fait un grandissime rangement aujourd’hui, je ne suis pas encore débarbouillée, mais j’ai plus besoin de t’écrire que de me savonner. Je trouve toujours que l’amour est le plus pressé. À propos d’amour, j’ai eu une fameuse douleur tout à l’heure en serrant mes lettres dans la boîte sur la cheminée. J’ai trouvé la place toute brûlante ainsi que le bois du cadre. Tu penses que je me suis empressée de déménager mon cher trésor et pour peu qu’il y aita le moindre danger, je loue le palais du quai d’Orsay pour l’y loger. Tu me diras cela ce soir avec conscience car enfin il va de ce qui me sert de jours.
J’ai vu Jourdaintantôt, qui venait savoir ce que j’entendais par la note générale. Je le lui ai dit, il reviendra ou il enverra un de ces jours.
J’ai resserré vos lettres aujourd’hui. Ce n’était pas une mince besogne et je ne m’étonne pas si vous ne voulez pas vous charger de cette litière d’amour devenu fumier à présent. Si vous vouliez, nous en ferions un bon feu de joie, ce qui serait d’un fameux profit pour la neige et la glace qu’ilb fait aujourd’hui. D’ailleurs je vous en promets autant pour l’année qui vient. Ainsi, qu’est-ce que vous avez à dire. –
Venez ici que je vous baise tout de suite et ne grognez pas.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 281-282
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « qu’il y est ».
b) « qui le ».

Notes

[1René-Henry Drouet, son oncle qui l’a élevée et dont elle porte le nom.

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