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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 décembre [1836], mercredi midi

Bonjour cher petit homme, vous n’êtes pas malade, j’espère ? Pour aujourd’hui j’aime mieux croire que c’est votre indifférence pour ma personne qu’une indisposition de la vôtre qui vous empêché de venir. Les baigneurs sont aussi exacts que vous, ils ne sont pas venus non plus, eux. Cependant je dois avouer que j’ai passé une bonne nuit et que je ne me sens pas de mon mal de tête ce matin. Pourvu que cela dure.
Cher petit Toto bien aimé, j’ai vraiment quelque inquiétude sur ta chère petite santé. Tu paraissais souffrir cette nuit et pourtant tu voulais travailler. Si tu as eu ce courage qu’on peut appeler une imprudence dans cette circonstance, tu auras peut-être augmenté ton mal de gorge, et voilà ce qui me tourmente. Tu devrais pour dissiper mes craintes venir à présent me montrer le joli petit bout de votre NEZ afin que je m’assure que vous êtes en bon état. Car malgré tous les affronts que vous me faites, je vous aime plus et mieux que jamais, par CONTRADICTION dirait le BONHOMME.
Je vous aime par ou pour quoi que ce soit, car vous ne le méritez guère, et si je ne vous baise pas c’est que je suppose que cela vous est désagréable.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 259-260
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


21 décembre [1836], mercredi soir, 4 h.

Toujours donc mon cher petit Toto, toujours absent. C’est bien triste pour ta pauvre Juju. Que veux-tu qu’elle croie, que veux-tu qu’elle fasse, dis ? Si tu ne l’aimes plus, n’est-il pas de ton devoir de le lui dire franchement afin qu’elle s’avise à te débarrasser d’elle le plus vite possible. Et si tu l’aimes toujours n’est-il pas absurde de laisser s’écouler les jours et les nuits dans l’attente continuelle d’un bonheur qui ne vient pas ?
Mon cher adoré, je fais tous mes efforts pour te cacher le chagrin et le tourment que j’éprouve. Cependant je n’y réussis pas. Il est impossible qu’étant toujours préoccupé de la même pensée et de la même crainte, je n’en laisse pas percer quelque chose malgré moi.
Je t’aime trop, mon pauvre bien aimé. C’est bien vrai, pour notre malheur à tous les deux, je t’aime trop. Si je t’aimais moins je ne sentirais pas aussi vivement ton absence, et par contrecoup tu serais moins tourmenté.

8 h. ½

Je vous ai revu, mon cher adoré, et toutes mes noires idées ont rentréa leurs cornes. Il ne me reste qu’une seule pensée : que je vous aime, que vous êtes mon Toto adoré et que je baise vos pieds de tout mon cœur.
Tâchez donc de venir pour une chose [ou] pour une autre, pour marcher ou pour… danser. Vous rendrez bien heureuse celle qui se dit votre

Juju

BnF, Mss, NAF 16328, f. 261-262
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « rentrées ».

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