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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 décembre [1836], mercredi midi

Eh ! bien c’est très joli, vous ne venez plus du tout à présent. C’est plus tôt fait. Vous êtes bien heureux que je vous aime comme je le fais pour que ces choses là ne me fassent pas d’autre impression que de m’attrister beaucoup et souhaiter vous voir le plus tôt possible.
Mon bon petit homme chéri, je ne t’en veux pas, je pense que tu as travaillé hier au soir et que c’est ce qui t’aura empêché de venir embrasser ta pauvre Juju. Une bonne nouvelle c’est que je me suis endormie cette nuit environ à 1 h. du matin. C’est un peu bien de ma part. Je n’ai pas pris de bain ce matin, vu l’impossibilité d’avoir les gens du bain lorsqu’ils passent.
Tâchez donc, mon cher petit homme, d’avoir votre veste aujourd’hui, sans cela on ne pourra pas la faire cette semaine. Et puis vous savez que j’ai le plus grand intérêt à voir [V  ?  ?]. Prêtez-vous donc un peu à cela, je vous en serais très reconnaissante et je vous n’aimerai [1] bien pour cela, quoique je vous aime déjà de toute mon âme, de toutes mes forces et de tout mon cœur.
En attentant que je vous baise en NATURE, je vous baise en souvenir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 239-240
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


14 décembre [1836], mercredi soir, 6 h. ½

Mon cher petit homme chéri, je vous n’aime [2] encore, tout plein et puis davantage. Je suis une affreuse patraque, c’est pourquoi que j’avais l’air si bête tout à l’heure, j’avais si mal à la tête et j’y ai si mal encore à présent que vraiment c’est bien gentil et bien tendre à moi de trouver la force de vous écrire quatre mots d’amour. Mais vous-même, mon toto, vous paraissiez très préoccupé et presque mouzon. Qu’aviez-vous ? Vous ne pouvez dire que vous souffrez, vous avec votre santé existante. Aussi je ne m’explique pas les petites froideurs que vous avez souvent avec moi.
Si les apparences étaient vraies, vous auriez dix mille fois tort, mon Toto bien aimé. Car vous seriez ingrat pour la femme qui vous aime le plus au monde, toute comparaison faite.Je vous aime mon Toto, je vous adore, je vous respecte, je vous vénère et je vous admire de toute mon intelligence. Vous voyez donc bien que vous n’avez [pas] le plus petit droit d’être indifférent pour moi.
Comme vous êtes de fête demain toute la journée, vous seriez juste et bon et charmant de me donner cette soirée. Mais je n’ose pas y compter. Vous avez paru me quitter pour toute la soirée. C’est bien triste pour moi, surtout en pensant à demain.
Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 241-242
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1La négation comique est volontaire.

[2Négation comique volontaire.

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