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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Premier octobre [1836], samedi après-midi, 4 h. ¼

Je viens de faire mes comptes, mon cher adoré, et malgré toute l’exactitude et toute la sincérité que j’y apporte, je trouve encore cette fois-ci un déficit de 4 F. 9 sous ½, que je ne sais à quoi attribuer. Dorénavant je me tiendrai encore plus sur mes gardes et je ne laisserai plus la clef sur mon coffre, nous verrons ce qu’il en adviendra. En attendant je rage et je ne comprends pas. Que je vous aime mon grand Victor, que je t’aime mon noble, mon sublime Victor.
Tu ne ressembles en rien à tous les hommes, tu es au-dessus de nous tous autant par ton génie que par la noblesse de tes sentiments. Je ne connais personne, pas même moi, qui soit digne de dénouer les cordons de tes souliers. Tu es bien bon de souffrir que nous osions lever les yeux sur toi, même pour t’adorer et pour t’admirer. Je n’ai jamais mieux compris qu’en ce moment quelle distance il y a entre un seul homme comme toi et le reste du monde, plus ou moins abruti. Aussi je me prosterne devant toi comme la créature devant Dieu.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 1-2
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


1er octobre [1836], samedi soir, 6 h. ¼

Cher bien aimé, j’espère que tu ne t’es pas mis en route pour Fourqueux [1] par le mauvais temps. C’est ce qui fait que j’attends ton retour avec joie. Mon pauvre petit homme chéri, tâche que tes chers petits pieds ne soient pas mouillés, ménage un peu tes bonnes petites entrailles et pense au désespoir où je serais si tu jamais tu tombais malade.
Mon cher petit bijou d’homme, ne rentrez pas trop tard. Vous pourrez d’ailleurs travailler à la maison, je vous promets de ne pas vous troubler et puis je serai contente de vous avoir . D’être bien sûre que vous n’êtes pas à Fourqueux et que vous n’êtes pas exposé à toutes les pluies et le vent qu’il plaît à la saison de distribuer dans les jambes et sur les dos des poètes et autres….
En vous attendant je vous aime comme une perdue.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 3-4
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Fourqueux est une villégiature où Victor Hugo séjourne du 1er mai à fin octobre 1836, située près de Saint-Germain-en-Laye, à l’entrée de la forêt de Marly. Il habitait une belle demeure entourée d’un parc.

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