Paris, 19 juillet [18]72, vendredi matin, 6 h. ½
Il faut, mon grand bien-aimé, que ta nuit soit crânement bonne d’un bout à l’autre pour m’indemniser de la mienne que j’ai passéea à me promener de chambre en chambre. J’y compte et c’est pour cela que je ne me plains pas trop haut de mon insomnie. Tiens, voilà une grande voiture des chemins de fer de l’Est dont le conducteur est en train de lire au cocher chemin faisant Le Rappel [1] : bravo, conducteur ! C’est aujourd’hui n’est-ce pas que nous devons aller tous les deux faire nos achats ? Je me tiendrai prête pour quatre heures à cause de la chaleur qui promet merveille pour tantôt. Il y a bien longtemps que je n’ai vu tes adorables mioches [2]. Tâche donc de me les amener ne fût-ceb que le temps de les embrasser. En attendant je leur envoie à travers toi tout ce que j’ai de meilleur et de plus tendre dans le cœur et dans l’âme. Je leur souris de loin et je te bénis à tous les instants de ma vie.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 206
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « passé ».
b) « fusse ».