Guernesey, 10 mai [18]68, dimanche, 7 h. du m[atin]
Je t’aime, voilà mon bonjour. Et vous ? J’ai passé une very good nuit. Et toi ? En attendant ta réponse, je t’adore pour n’en pas perdre l’habitude. Comme nous avons bien fait de profiter de la voiture hier ! Aujourd’hui cela ne serait pas possible et Dieu sait ce que sera le temps demain sans parler des empêchements qui peuvent surgir de tous les côtés. Heureusement que rien ne peut nous ôter le bonheur de notre ravissante promenade d’hier. Aujourd’hui tu m’as promis de me rendre ma chère collation. Tâche de ne pas l’oublier pour qu’il n’y ait pas de solution de continuité entre le bonheur d’être auprès de toi et celui d’être avec ta pensée. Il est probable que M. Burty viendra mardi, s’il vient. Quant à Suzanne, elle ne peut guère tarder à arriver maintenant. Encore quelques jours de patience et nous serons rentrés dans nos douces et chères habitudesa d’intimité dans notre charmante petite maison. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 128
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « dans nous douces et chères habitudes ».