Guernesey 24 janvier [18]70, lundi soir, 9 h. ¾
J’ai été assez mal inspirée de te faire prendre ta canne, mon cher bien-aimé, c’était un parapluie qu’il aurait fallu te conseiller. Mais j’espère que tu n’auras fait usage ni de l’un ni de l’autre en donnant la préférence au coin de ton feu. Tu dois avoir double courrier aujourd’hui, raison de plus pour lire tranquillement les pieds sur les chenets. Quand à moi je n’ai le temps de rien car je suis toujours à la poursuite d’un quart d’heure de répit que je n’atteins jamais. J’ai beau me lever matin, j’ai beau me dépêcher et m’essouffler pour toutes choses, je n’en suis que plus en retard, c’est embêtant. Heureusement que cette vie-là finira dans trois semaines si Constantin ne se trompe pas sur la maladie d’Henriette. En attendant je retrime avec rage et je t’adore de même.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 25
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette