Guernesey, 10 janvier [18]70, lundi soir, 5 h. ¼
Journée encore plus laborieuse que de coutume, mon cher grand adoré, mais je ne m’en plains pas puisque cela ne m’empêche pas de t’aimer à toutes les minutes de la journée et même de la nuit car je t’aime à travers mon sommeil comme je t’aime éveillée. C’est comme cela depuis le premier jour ou je t’ai vu pour la première fois. As-tu enfin des nouvelles de tes enfants et du procès [1] de ton Charles ? Que dit le Rappel ? Que rabâchenta les autres journaux ? Tu m’en diras bien quelque chose tout à l’heure n’est-ce pas ? Kesler m’a fait dire qu’il ne viendra pas ce soir parce qu’il est malade, ce que je crois vrai car il fait tout ce qu’il peut pour cela. Tu verras s’il y a lieu à lui envoyer une assiettée de riz ce soir. En attendant je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 11
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « rabâche ».