Guernesey, 4 juillet [18]68, samedi matin, 7 h.
Je t’aime, j’ai passé une très bonne nuit et je t’adore. J’espère que tu es en mesure de me rendre cœur pour cœur, âme pour âme, nuit pour nuit, autrement je ne vous donnerai plus rien ni amour, ni tendresse, ni sommeil. À quelle heure t’es-tu levé ce matin ? Ton signal ne me le dit pas, en quoi je le trouve incomplet. Enfin, faute d’autre renseignement, je crois que tu as bien dormi et je veux que tu m’aimes autant que je t’adore. N’oublie pasa de préparer ton manuscrit et la copie pour après-demain lundi. J’y tiens absolument. D’ailleurs il n’y a pas de temps à perdre si, comme je le pense, tu veux les emporter à Bruxelles. Je te fais souvenir aussi que je n’ai pas d’argent et que j’ai la note du plombier et celle de Gore à payer. Cela dit, je regarde le ciel que je trouve bien menaçant en ce moment. Un peu d’orage ne ferait pas de mal surtout s’il n’empêche pas notre chère petite promenade tantôt. En attendant, je te souris à travers cher petit Georges que je baise pour nous deux.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 185
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « n’oublies pas ».