10 août [1840], lundi, midi ¾
Je suis prête depuis longtemps, mon Toto, mais il paraît que tu l’es aussi peu que je le suis beaucoup. Cela ne me ferait rien si je n’étais pas habillée et le chapeau sur la tête et si je n’étais déjà pas en retard pour écrire à Mme Krafft. Enfin il est dit que depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre et à toute occasion je serais ennuyéea et mystifiée, c’est la vie que je me suis faite mais je ne m’en contente pas. Je voudrais savoir seulement ce qui te retient et pourquoi puisque tu sais ne pouvoir pas disposer de ton temps une seule fois pour moi tu me poussesb à m’habiller et à me dépêcher comme si tu devais être le plus exact et le plus ponctuel des hommes. Hou !!!!!!..... Quel bonheur !! Heureusement qu’il fait une chaleur étouffante et qu’on est fraîchement avec un chapeau sur la tête et une écharpe sur le cou. Merci Toto tu es très i voime, voime. Je vais me déshabiller dans un quart d’heure et je ne me rhabillerai pas à coup sûr. Il serait bon que tu fussesc parti à Saint-Prix [1]. C’est très possible à la rigueur il n’y a d’impossible que de sortir avec moi dans quelque temps à quelque heure que ce soit. Ceci me parait aussi difficile que de prendre la lune avec les dents, les personnes c’est comme les [robes ?] quand ça n’a pas de bonheur ça n’a pas de bonheur. C’est bien dix millions de fois vrai j’en suis un exemple vivant mais n’importe c’est charmant et je suis trop heureuse que tu veuillesd bien te moquer de moi depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre, je n’ai que ce que je mérite et tu es un trop aimable Toto. Jour Toto. Merci. Mais je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16343, f. 85-86
Transcription de Chantal Brière
a) « ennuiée ».
b) « pousse ».
c) « fusse ».
d) « veuille ».