Bruxelles, 7 août [18]68, vendredi matin, 7 h. ½
Je t’envoie mon bonjour le plus ému, le plus reconnaissant et le plus tendre pour moi et pour mes braves bretons-allemands [1] qui sont éblouis et effrayés tout à la fois de l’honneur que tu leur faisa [2]. Moi-même, mon grand bien-aimé, je ne suis pas sans inquiétude de leur ignorance du monde, que j’ignore autant qu’eux mais qu’on me pardonne à cause de mon profond amour pour toi. J’espère qu’on aura la même indulgence pour mon neveu et pour ma nièce que pour moi à cause de leur admiration et de leur vénération sans borne pour toi. J’ai passé une quasi bonne nuit et je me porte presque bien ce matin. Demain je commencerai ma série de bains qui me fera beaucoup de bien, j’en suis sûre. Quant aux autres petites prescriptions anodines, je crois que je peux sans inconvénients les passer toutes. Le mieux dans les affections chroniques est l’ennemi du bien. Ma panacée sûre et certaine, c’est de t’aimer de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 216
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tu leur fait ».