Paris, 25 juin [18]74, jeudi matin
Comment as-tu passé la nuit, mon cher grand homme ? La privation de ton passus millea [1] ne t’a pas empêché de dormir, je l’espère ? En l’absence de tous renseignements à ce sujet, je veux croire que tu as bien dormi et que rien ne cloche dans ta santé, pas plus que dans ton amour, qui doit être de tout point pareil au mien, si tu veux que nous arrivions ensemble au même but dans la vie et dans la mort. Chemin faisant, il faudra tâcher de mieux régler ton passus. Voici le moment des plus grandes chaleurs, qui doit être aussi celui des fourneaux éteints et des casseroles renversées. À ta place, je ne garderais absolument que le dimanche et le jeudi, ce qui est bien assez pendant la canicule. Cela ménagerait un peu ta bourse et laisserait reposer nos pauvres estomacs surmenés par les devoirs de l’hospitalité mangeante. Je te dis cela dans ton intérêt et dans le mien. Après cela, tu feras ce que tu voudras. Pour aujourd’hui, il n’y a aucune réforme à faire puisque le festin est tiré et qu’il faut le boire et le manger jusqu’au bout. Je ne te parle que pour l’avenir. Et puis je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16395, f. 119
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « mile ».